On annonce la naissance de Marie-Mathurine LE FRÊNE, le 20 décembre 1885, à Bréhan (Morbihan)
Philippe MERVEILLE et Marie-Madeleine BOUCHE son épouse font part de la naissance, à la Bruyère, commune de Cellettes, le 9 octobre 1890 de leur fils Alfred, Charles, Marie
Renée, Marie-Louise, Augustine ROBIN est née ce jour, 30 octobre 1891, à 8 heures, à Cellettes. Compliments aux parents, Pierre Robin et son épouse Emérance Bailloux.
 

Renée Robin épouse Alfred Merveille le 21 novembre 1912. Tant mieux pour leur fille Yvonne, née un an et demi plus tôt.

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Marie Lefresne épouse X....  le 2 juin 1911. Tant pis pour son fils, Alexande-Marcel-Stanislas, qu'elle a abandonné 1 an plus tôt

Chez les lefresnes

le chemin des ancêtres est parfois un cul-de-sac : des 4 grands-parents qui constituent l'honnête ascendance de chacun, l'un leur manquera toujours. Papy Alfred et mamy Renée d'un côté : bon, le maternel est repéré. Le paternel boite. A peine connaît-on, malgré eux, l'ovule et le ventre qui l'a abrité; ça s'appelle Marie . Le spermatozoïde, lui, gardera le charme et l'angoisse du mystère.

 

Les 3 ancêtres connus appartiennent à des univers sociaux différents. Le haut est à chercher du côté des Merveille, les parents d'Alfred: ils sont propriétaires-cultivateurs moyens, le père venant de Beauce. A armes presque égales, et en bas, nous avons des journaliers agricoles Lefresne ou Le Frêne en Bretagne, et des domestiques Robin venus de Bourgogne à Paris puis dans le Val de Loire au service de bourgeois. Le résultat métissé de ces migrations ordinaires à la fin du 19ème siècle a pris souche à Cellettes, aux portes de la Sologne viticole.


A vrai dire, ni Alfred ni Renée n'ont vraiment laissé de traces qui permettraient de reconstituer leurs courtes vies. Déracinés l'un et l'autre, posés ici ou là par les vicissitudes du demi-siècle noir, ils n'ont pu planter leur totem nulle part. L'histoire des humbles est bien difficile à établir. A peine peut-on, en appelant l'Etat-Civil au secours, avoir une petite idée de leur destin social. Quelques méchantes photographies, patiemment décodées, nous diront peut-être un infime morceau de leur personnalité. Remercions le sort qui nous a livré un minuscule stock de cartes postales, grâce auxquelles nous pourrons approcher leur sensibilité. Mais de leurs goûts, leurs travers, leurs qualités, leurs opinions, leurs peurs, il faudra se résoudre à ne savoir rien.


Voilà un demi-siècle, le premier du 20ème, si proche de nous pourtant, que les bouleversements technologiques nous rendent illisible… Il va bien falloir, Alfred et Renée , que vous nous parliez un peu tout de même. Quand on est des proto-lefresnes, on doit aux lefresnes autre chose que des sourires de jocondes ! Le mystère a son charme qui n'égalera jamais celui de la connaissance. A nous trois donc !


Quant à toi Marie , tu ne nous intéresses pas beaucoup. C'est notre revanche. Si nous portons ton nom, à ton corps défendant, c'est que le type qui t'a sautée n'a pas voulu ou pas pu assumer. Comme la chose a dû avoir lieu en septembre 1909, c'était peut-être un soir de vendanges.
Tu vois bien que tu as des circonstances atténuantes.