...la vie, malgré tout...
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Silence d'archives sur la période qui suit la Catastrophe. Comme la mémoire familiale n'a rien transmis, Renée nous échappe. 25 ans, veuve, un enfant, employée de maison : sa situation se résume aisément. Mais comment la gère-t-elle ? On ne cherchera pas ici à deviner. On peut seulement supposer que ce furent de dures années, tant sentimentalement que professionnellement.
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Des traces ténues sont enfin retrouvées pour 1919.
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1- Un jugement du tribunal de Tours du 19 février 1919, indiqué en marge de son acte de naissance, accorde à sa fille le statut de " pupille de la Nation ", dont on sait, hélas ! qu' il fut plus généreux en soutien moral qu'en secours matériel.
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2- Un avis de l'Office de Répartition des Dons Américains aux Orphelins de la Guerre, daté du 10 décembre 1919, annonce le " renouvellement pour une nouvelle période d'1 an " d'une aide de 15 Francs par mois pour Yvonne, à condition que Renée ne soit pas remariée.
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3- Cinq cartes postales, écrites ou reçues par elle -ou parlant d'elle- la situent à la Ferté-sous-Jouarre chez l'oncle et la tante d'Alfred.
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Comme ces documents suggèrent ou confirment qu'elle vit à La Ferté-sous-Jouarre,
en Seine-et-Marne, il est temps de dire un mot de ce second lieu
Merveille.
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Des
trois enfants Merveille connus, issus du meunier de Moléans (en Eure-et-Loir),
un seul est resté près du nid : la fille, Maria, à La Touche, un hameau d'une
localité proche, Saint-Maur sur Loir. Reste d'elle, dans les papiers d'Yvonne,
une touchante lettre à son " cher parrain ", du 30 décembre 1888.
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Le
hameau de la Touche (commune de Saint-Maur sur Loir) a conservé, sinon ses paysans
et ses marmailles, du moins une atmosphère campagnarde, à l'écart des
modernités agressives. Le bâti, même rénové, n'a guère changé, si bien qu'on
peut imaginer Maria Merveille parmi les femmes qui posent sur cette carte
postale début de siècle .
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Sans
doute à la même époque, les deux garçons, Philippe et Aristide, ont émigré, le
premier en Loir-et-Cher, à Cellettes , le second, en Seine-et-Marne, à la
Ferté-sous-Jouarre. Pendant que le premier constituait le patrimoine que l'on
sait, le second créait une " entreprise de transports et déménagements par
cadres " et, plus tard, de " location d'automobiles ", près de la gare
ferroviaire. Des recherches s'imposeraient pour apprécier la taille et la
réussite de l'affaire. Elles viendront peut-être. Un jour.
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Le moulin de Moléans
(Eure-et-Loir) tel
qu'il apparaît en 2006. Philippe, Aristide et Maria Merveille y sont
nés dans les années 1860.
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En tout cas, après la seconde guerre mondiale,
un demi-siècle plus tard, une photo du petit dernier d'Yvonne Merveille-Lefresne, prise de
chez eux avec la gare en fond, rappelle la persistance de
l'activité, bien qu'ensuite -années 60- le tout se soit rétréci en " taxi ".
Les factures à en-tête
imprimé ne servaient plus alors que de papier à lettre à la " tante Marie ",
épouse d'Aristide. Aucune trace, ni même souvenir, de ce dernier. Par contre,
les deux fils, Paul et Roger, petits-cousins par conséquent d'Yvonne, n'ont
cessé d'être en relation avec elle. Dans le courrier ayant échappé à la
destruction, plusieurs lettres douloureuses du premier évoquent une vie parfois
difficile : son fils aîné, René, engagé volontaire en 1950 et tué à 20 ans en
Indochine, son cadet, débile mental léger, à la charge des parents jusqu'à leur
mort… Elles témoignent aussi de l'attachement des Merveille de la Ferté
pour l'épouse d'Alfred et la petite " pupille de la Nation ", devenue
Lefresne.
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La
photographie a été prise à la fin des années 40 (au fond, la gare de la
Ferté-sous-Jouarre): à cette époque, la "Maison Merveille" est toujours en
activité.
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Il est à peu près certain que la veuve et l'orpheline de guerre ont trouvé davantage de réconfort chez les Merveille de la Ferté que chez ceux de Cellettes. Aucune trace, par exemple, d'un séjour chez les premiers de leur bru ou de leur petite-fille : quand elles sont dans le Loir-et-Cher, elles habitent à Vaugelé, chez les Robin.
Est-ce là que Renée a retrouvé ce Roger Richemont qu'elle épouse le 3 octobre 1922 après qu'il lui a fait une petite fille un an plus tôt ? Le nouvel époux a été Cellettois au début du siècle. Peut-être même est-il né dans la commune, en 1902, du couple Richemont-Pareau. Sa soeur, Renée elle aussi, a correspondu avec la jeune Robin. Son père, Pierre Richemont, travaillait comme charpentier chez un artisan de Cellettes. Ni journalier, ni domestique, donc , une sorte d'aristocrate populaire. La famille Richemont a habité l'Archerie, le hameau voisin de Vaugelé. Bref, le Roger était sans doute une vieille connaissance. Mais bien jeune tout de même pour une veuve de guerre qui avait passé la trentaine. Un gamin avec le diable au corps : s'il s'agit bien de lui, quand il l'engrosse, il a à peine passé 18 ans. Voilà qui n'a pas dû renforcer la réputation de Renée auprès de sa belle famille Merveille. Alexandrine, qui se fait appeler Denise, est le produit de ces amours. Née le 6 septembre 1921, elle n'a été reconnue par sa mère que le 7 novembre. Pourquoi ce retard ? Tentation d'abandon ? D'elle, en tout cas, il faudra reparler: les archives ont ce pouvoir de dire ce qui, parfois, a été gommé des souvenirs. Pour qui a eu 20 ans dans les années 40, les choix n'ont pas toujours été heureux...
promis, la suite arrivera un jour
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