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Journal de Marche et d'Opérations
du 79ème Régiment d'infanterie
 
Le Journal de Marche et d'Opérations du 82ème Régiment d'Infanterie a été tenu par le capitaine Fleuriot, adjoint du colonel commandant le régiment. Belle écriture ample, style narratif sobre impeccable, qui n'omet pas les faits d'armes du rédacteur et s'autorise parfois, à travers le vocabulaire, l'expression d'un sentiment d'horreur. Un lecteur a noté en marge du 15 septembre 1914 : " l'historique est fait par le capitaine Fleuriot qui ne s'oublie pas ". L'annotation n'étant ni datée ni signée, on ne sait si elle est le fait d'un contemporain jaloux ou celui d'un historien critique…

On suit donc, jour par jour, parfois heure par heure, les marches, travaux et combats des trois bataillons qui constituent le régiment. Le rédacteur recopie avec soin les nombreux Ordres qui racontent la guerre en dictant chaque déplacement ou cantonnement - et révèlent quelques flottements… Tenu à l'exactitude, il ne peut dissimuler les ravages humains et le comportement des soldats. Même si la part est faite belle aux officiers et si, dans les mouvements de troupe, il ne descend jamais au dessous de la Compagnie : seuls les officiers ont un nom ; sous-officiers et hommes de troupe, comme Alfred Merveille, n'existent que comme masse, jamais comme individus.

Les 2 premières semaines de guerre correspondent à l'offensive depuis longtemps planifiée par l'Etat-Major pour reconquérir les " provinces perdues ". Puis c'est la retraite, relatée ici à partir du 23 août, et ses conséquences : quelques paniques provoquées par les ravages opérés par les tirs d'artillerie, y compris ceux, mal réglés, des Français, des replis trop rapides qu'il faut annuler au prix de nombreux tués ou blessés…
 
Placé à l'arrière-garde de la 9ème Division, le 82ème se retrouve donc en première ligne face aux troupes et à l'artillerie allemandes : au moment où Alfred Merveille est blessé, le 8 septembre à Vaubécourt, le régiment a perdu la moitié de ses effectifs et en particulier la plupart des officiers subalternes. Les pertes, nous dit le JMO, sont " effroyables " et le régiment dispersé ne peut compter que sur la nuit pour se reconstituer, ce qui en dit long sur la sauvagerie des combats, y compris ceux menés " à la baïonnette ".

Ce qui suit en bleu est le texte même du JMO. On a simplement remplacé les abréviations traditionnelles par les mots entiers : régiment à la place de rgt, compagnie pour cie, commandant pour cdt, bataillon pour btn…


1er août 1914 - Ordre de mobilisation générale. Le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août. Les opérations se passent sans incident et durent 3 jours.
      La portion de Montargis forme deux unités de transport :
           1-Le colonel et le 2ème bataillon s'embarquent à 7 h 40 ;
           2-Le reste de l'Etat-Major et le 3ème bataillon partent à 10 h
           (le bataillon de Troyes part le 6 août à 15 h 05)


Ordre de Bataille

Etat-Major : Ponsignon, Colonel
                    Fleuriot, capitaine adjoint au colonel
                    Donier, médecin-major
                    Collard, chef de musique de 1ère classe
                    Costantini, lieutenant chargé des détails

Le 82ème se compose de 3 bataillons et d'une section de mitrailleuses. Il appartient à la 3ème Armée (5ème Corps, 9ème Division, 17ème Brigade).

7 août- Concentration  de Lérouville à Saint-Mihiel. Le régiment est cantonné en deux parties (Saint-Mihiel et Savonnières)
                                                             Ordre Général n° 2
1-La 17ème Brigade organisera et défendra s'il y a lieu le terrain compris entre la ligne Heudicourt, Nonsard, Vigneulle-les Hatonchatel et la ligne incluse hauteurs Sud-Ouest de Woinville, Piton ouest de Montsec…
2-La ligne de résistance principale (…) sera établie sur les Hauts de Meuse… Les villages de Buxières, Buxurulles et Woinville seront mis en état de défense.
3-Avant-Postes : sur la ligne Bois de la Bellegière, Gérard bois ferme, Montsec et le piton à l'ouest, avec tranchées et coupures dans les bois.
A 10 h 30, le régiment reçoit l'ordre d'organiser et de défendre le terrain compris entre Buxières et la cote 247 (600 mètres au sud d'Heudicourt). Des tranchées progressives sont exécutées jusqu'à la tombée de la nuit.
 
8 août - Continuation des travaux. Le 1er Bataillon (sauf la 3ème Compagnie qui reste à Savonnières) vient à Buxières à 5 heures et y cantonne.
 
9 août - Continuation des travaux.
Ordre reçu à 12 heures

Le 82ème se déplacera sur l'axe Lavigneville-Lamorville-Lacroix-sur-Meuse-Troyon-Ambly-Génicourt. Il se mettra en route de façon que sa tête passe à la cote 277 (débouché de la vallée de Varvinay dans celle de Chaillou) à 15 h 40.

Les cantonnements se font à Génicourt (1 bataillon ½) et à Ambly (1 bataillon ½)
Arrivée à Ambly à 22 heures (20 à 27 km de marche) et à Génicourt à 24 heures (30 km de marche).
 
10 août - Ordre de marche pour la 17ème brigade. Le 82ème  ira cantonner à Dieue-sur-Meuse et à Ancemont. Départ à 5 h 15 et arrivée à 7 heures (4 km de marche).
 
11 août - Annonce de la " mort subite " du Général Peslin, commandant la 9ème Division d'Infanterie. Le Général de Brigade Marquet le remplace. Le colonel Ponsignon prend le commandement de la 17ème Brigade. Il est remplacé par le commandant Duval à la tête du régiment qui stationne à Dieue-sur-Meuse jusqu'au 14 août.
 
13 août - Ordre Général pour le Corps d'Armée : aucun renseignement nouveau sur l'ennemi ; le Corps doit se mettre en place vers le Nord-Est, en contournant Verdun et ses forts par l'Est.
 
14 août - Le 82ème quitte Dieue-Ancemont à 1 h 40 et, après une marche de 30 à 40 km, arrive à Ornes-Maucourt à 9 h 30 pour y cantonner (le 1er et le 3ème bataillons à Maucourt, le 2ème à Ornes)
Permutation : le capitaine Heuzey passe de l'Etat-Major au 82ème en remplacement du capitaine Blin qui rejoint l'E.M.
 
15 août - Le régiment stationne à Maucours-Ornes
 
16 août - Le régiment stationne à Maucourt-Ornes
 
17 août- Le régiment reçoit dans la nuit l'ordre de cantonner en entier à Ornes avec l'A.C.
Les deux bataillons cantonnés à Maucourt rompent de cette localité à 7 heures et arrivent à Ornes à 8 heures.
Ordre Général n° 11 pour la journée du 18 août 1914

1 - En Luxembourg belge, en Lorraine et dans les Vosges, les forces françaises ont remporté une série de succès. Devant le front du Corps d'Armée l'ennemi n'a manifesté aucune activité…

Les tranchées et autres ouvrages devront être très forts et on ne se contentera pas de gratter la terre…

Le Général Commandant le Corps d'Armée est assuré qu'avec les magnifiques troupes qui se sont si bien comportées hier et aujourd'hui, l'ennemi ne pourra jamais enlever la première ligne de défense avant le moment où nous reprendrons l'offensive…
                                                                                                     …
 
(manquent 18-19-20-21-22 août 1914 : le régiment doit avoir poursuivi sa marche vers le Nord vers le Luxembourg)
 
23 août - La nuit se passe de façon calme. Les Compagnies construisent des tranchées pendant une partie de la nuit et pendant la matinée. Des patrouilles et reconnaissances sont lancées vers le Bois de Buré d'Orval. Vers 12 h. l'ordre arrive au régiment de se replier, de défendre le passage de Flabeuville et de résister sur la rive gauche de la Chiers. Le 82ème a comme secteur de la cote 280 à la lisière Est de Charency (non compris). A droite il se reliera avec le 4ème Régiment, à gauche à Charency avec le 4ème Corps d'Armée.
Le Commandant Duval Commandant le Régiment donne l'ordre au 1er bataillon d'organiser immédiatement la défense de Flabeuville (pont et localité), au 2ème bataillon de se porter en réserve à la lisière Sud du Bois de Lagrange, au 3ème bataillon de couvrir le mouvement en résistant entre la cote 306 et Villette. A 14 h. ces mouvements sont terminés, le 2ème bataillon envoie un peloton de la 7ème Compagnie (sous-lieutenant Angot) à la Passerelle. Pendant son mouvement de repli les Premiers Postes du 2ème bataillon dans le bois de la Taillette et celui de Vezin entrent en contact avec de petites fractions ennemies. Assez vive fusillade. Les Premiers Postes se replient couvrant leur bataillon. Quelques tués et blessés…
                                                                                              …
L'attaque ennemie se produit vers 14 h 30… Le 3ème bataillon est soumis à une rafale d'obus allemands. Ayant accompli sa mission de couverture, il se replie. Malheureusement notre artillerie de 280 ayant aperçu des fractions allemandes se glisser au sud de la Fosse Bouillon, prend le 3ème bataillon comme objectif pendant son mouvement de repli. Le Chef de Bataillon, Commandant Eveillard est blessé à la jambe, 4 hommes sont tués, 13 blessés. Au bout de 10 minutes, l'artillerie française aperçoit enfin les signaux qui lui sont faits et les cris qui les accompagnent. Elle allonge son tir et le 3ème bataillon repassant le pont de Flabeuville reçoit l'ordre d'occuper la lisière Sud-Est du Bois de Lagrange et les pentes en avant . Le peloton de la 7ème compagnie à  la Passerelle s'engage faiblement contre les tirailleurs ennemis.
Pertes de la journée : Commandant Eveillard blessé, une dizaine de tués une trentaine de blessés.
 
24 août - Rien ne se produit au jour. A peine quelques coups de fusil d'une rive à l'autre de la Chiers. A 7 heures, ordre reçu du Colonel commandant la 17ème brigade.
                                                                                                              …
A 7 h 30 le 4ème Corps d'Armée a quitté Charency. Le Colonel commandant la Brigade envoie l'ordre : " Faites réoccuper immédiatement Charency par 2 Compagnies. Ce détachement couvre notre gauche, il doit résister le plus possible. "
 
(divers mouvements - " Le 82ème est en flèche " - repli)

Ordre au 82ème : Se replier par les cotes 301-288, passer l'Othain aux deux gués aménagés à l'ouest de Petit Failly ; occuper les positions 277 et 275 et résister…

Ordre pour la nuit : le 3ème bataillon doit tenir la Croupe au nord du moulin qui se trouve à 1 km au Sud de Petit Failly à la cote 264. Le 2ème bataillon soutient le long de la route entre la cote 270 et la cote 264. 1er bataillon en réserve à la lisière NE du Bois de Marville. Les mouvements doivent être complètement terminés pour 18 h.
                                                                                                  …
Pas de pertes dans la journée. Nuit calme.
 
25 août - Le canon gronde dès le matin… Les obus ennemis commencent à pleuvoir tout autour du bois de Marville.
Le 4ème Corps d'Armée, le 4ème R.I. et le 313ème R.I.  se replient

Le Colonel commandant la Brigade donne l'ordre de retraite sur Delut. Elle s'effectue en bon ordre au milieu de la déroute du 26ème d'Artillerie. (…) Pendant la retraite, quelques blessés. Le bois de Marville et le terrain compris entre le bois de Marville et le village de Delut sont criblés d'obus. Une grande partie du régiment se rallie à l'embranchement qui se trouve au Nord de Vittarville puis reçoit l'ordre de se rendre à Peuvillers où les fractions isolées se ressoudent à leurs unités.

15 h 30 - Pendant le combat et pendant la retraite, l'infanterie ennemie ne s'est pas montrée sur le front du régiment. A 16 h. ordre au régiment de prendre les Avant-Postes et de couvrir le secteur Pont-des-4-Communes (inclus)-route de Peuvillers à Jametz inclus…

Pendant la nuit vers minuit une prise d'armes générale a lieu, causée par une fusillade assez forte sur la ligne des Premiers Postes (fusillade provenant d'erreurs de sentinelles de patrouilles)

Pertes pendant la journée : lieutenant Blarez blessé à la main (évacué) quelques blessés par les obus.
 
26 août - Ordre verbal donné à 3 h. : " Formation d'une colonne de marche pour traverser la Meuse à Vilosnes-sur-Meuse par l'itinéraire Peuvillers-Ecurey-Haraumont (le 82ème en seconde position)

La tête du régiment commence son mouvement à 5 h 30. 1er et 3ème bataillons, gros d'arrière-garde, suivis à 1 km par le 2ème bataillon, tête d'arrière-garde. Le dernier élément du 2ème bataillon quitte Peuvillers à 6 h 30… Marche exécutée sans incident. La Meuse est franchie par le gros du régiment à 10 heures. Ordre de marche par Brieulles (le long de la Meuse), Nantillois où le régiment cantonnera à la nuit. Le 2ème bataillon est maintenu sur la rive droite de la Meuse avec un bataillon du 313ème pour protéger le passage…

…Il traverse le pont de Vilosnes à 18 h 15. Le pont saute à 19 heures. Le 2ème arrive vers minuit à Nantillois… Le gros du régiment arrive vers 13 heures à Nantillois… Pas de pertes…
 
27 août - Ordre pour la journée du 27 août

La 9ème division a pour mission d'empêcher l'ennemi de franchir la Meuse de Cléry-le-Petit, inclus, à Brieulles/Meuse inclus…
                                                                                          …
En exécution de cet ordre le 1er bataillon rompt de Cunel à 9 h 30, les deux autres à 10 h 45. Les mouvements sont terminés vers 12 h 45, retard apporté par le passage à Cunel, cette localité était encore occupée à midi par des troupes du 4ème CA…
…pas de pertes…

…le 82ème tient le secteur compris entre l'Audon (Cléry-le-Petit exclus) et le ruisseau de Narantasson inclus.

Un bataillon du 82ème à la disposition du Colonel commandant la Brigade dans le ravin au Sud-Ouest de Cléry-le-Grand…
 
Ordre : " les tranchées seront orientées de façon à ce qu'elles ne soient pas enfilées par l'artillerie adverse "

Ne pas faire de feux qui pourraient être vus. Bien barricader les cantonnements.
 
28 août - à 4 heures le bataillon se rend au point indiqué
Deux ordres du Général commandant la Division au QG de Montfaucon : le second contient un ajournement d'ordre prévu au début…

…les tranchées et ouvrages exécutés avant le présent ordre ne seront pas défendus en cas d'attaque mais serviront à tromper l'ennemi sur les véritables positions de défense organisées à partir de cet après-midi sous la direction du Génie…

200 travailleurs sont fournis au Génie pour la défense de Brieulles
 
29 août - Le 3ème bataillon organise une position de repli de Romagne sous Montfaucon au bois de Cunel.
 
30 août A 8 h le 1er bataillon reçoit l'ordre de se placer entre l'Audon et le ravin de Narantasson de manière à être prêt à contre-attaquer l'ennemi dans la direction de Cléry-le-Petit.

Le 3ème bataillon est placé en lisière du Bois de Forêt en réserve. L'ennemi essaye de traverser la Meuse à Dun et environs et couvre d'obus toute la rive gauche jusqu'à Cunel.
A 14 heures, ordre reçu du Colonel commandant la Brigade :
…le 2ème Bataillon (commandant Bérard) se porte à l'attaque par la route Aincreville-Doulcon…
…le dernier bataillon du 82ème en réserve se portera à l'origine du ravin de Narantasson… Exécution immédiate.

L'action est à peine engagée. Le 3ème bataillon revient à 17 h à son point de départ. Pertes : capitaine Thibaut tué, quelques tués et blessés
 
31 août - Le Chef de Bataillon Bérard prend le commandement du régiment en remplacement du Chef de bataillon Duval malade évacué…

L'artillerie ennemie couvre toujours d'obus la rive gauche de la Meuse jusqu'à Cunel. Pendant la journée les 2ème et 1er bataillons soutiennent le 4ème RI et s'engagent contre les fractions ennemies ayant traversé la Meuse à Dun ; à 18 h ordre au 3ème bataillon (11ème et 12ème  Compagnies) de venir dans le ravin de Narantasson prêt à contre-attaquer vers Cléry-le-Petit.

Pertes : capitaine Prache (blessé grièvement) quelques tués et blessés.
 
                                               Ordre général 37 pour la journée du 1er septembre
I -Le 4ème CA et la 10ème Division d'Infanterie ne continueront pas leur mouvement offensif
II -…la 10ème DI profitant de la nuit se portera par Boyonville, Imécourt, Champigneulles, Saint-Juvin, Fléville, Exermont, Capremont, Baulny…
                                                                                                          …
 
1er septembre - A 5 h ordre aux 11ème et 12ème Compagnies de se tenir en réserve à la Fontaine de Germeville. Ces 2 Compagnies sont ensuite placées vers 10 h dans des tranchées entre les cotes 220 et 299. Toute la journée la position cote 299 et environs est criblée d'obus. Combat d'infanterie (2ème bataillon - 11ème-12ème Compagnies) à Cléry-le-Grand et dans le bois qui est au sud. Le 1er bataillon combat sous l'Audon. Vers 16 h les bataillons se replient…

…les bataillons se sont retirés sur Cierges. Le général Marquet qui vient de rejoindre donne l'ordre à 24 h de se rendre à Nantillois et d'y bivouaquer.

Pertes : capitaine Charlent blessé - Sous-lieutenant Bérot tué.
Les pertes sont assez considérables. Dans toutes ces journées entre la Meuse et Cunel, le 82ème a été constamment en liaison à droite avec la 18ème Brigade, à gauche avec le 4ème C.A..
 
2 septembre - Arrivée au bivouac à Nantillois vers 2 h. Ordre à 5 h de se rendre à Ivoiry. Départ 6 h., le régiment est placé à 7 h en rassemblement très articulé dans le ravin au sud d'Ivoiry-Epinonville. A 9 h, ordre de marche sur Varennes par Véry, Cheppy. A Varennes, à 12 h, le 1er bataillon doit d'abord aller en soutien de cavalerie au Four de Paris… (…) le 3ème bataillon va à Montblainville (Avant Poste face au nord). Le 2ème bataillon est maintenu en réserve. Tous ces mouvements sont terminés pour 15 h. Le régiment n'a pas été en contact.
 
3 septembre - Le mouvement de repli continue. Le régiment reçoit à 5 h l'ordre de se rassembler à la sortie Sud de Varennes (à l'Ouest de la grand'route) ce qui est fait pour 7 h, puis, à 8 h, l'ordre de tenir le terrain compris entre le V de Vauquois et la lisière Est de l'Argonne. Le 1er bataillon est envoyé au Four de Paris en soutien de cavalerie. Ordre : 3ème bataillon, tenir le secteur entre les pentes au Nord du V de Vauquois et l' Aire, 2ème bataillon, position de cote 207 (tranchées entre 207 et Boureuilles)
                                                                                                 …
Vers 11 h, la canonnade commence. A 1 h, le 3ème bataillon (capitaine Pupin), qui s'est vu menacé sur sa droite et a esquissé un mouvement de repli, est reporté à sa 1ère position. A 2 h ,le 2ème bataillon, qui a commencé à  se replier sous la pression de l'ennemi, est reporté en avant sur l'ordre du Colonel. Il réoccupe la cote 207 et les tranchées avoisinantes. Le combat continue jusqu'à 19 h 30, heure à laquelle le Colonel reçoit l'ordre de se replier par Neuvilly Aubréville et de passer la nuit à Parrois. Le régiment se replie en bon ordre et arrive à Parrois vers 23 h sauf la 5ème Compagnie (capitaine Heuzey) qui dans l'après-midi s'était repliée le long de la lisière de l'Argonne. A signaler que l'artillerie française en position au Grand Boureuilles et Bugémont prend comme objectif et bat (…) tout le terrain occupé par nos troupes.

Pertes : sous-lieutenant Welchinger blessé (continue son service)- 5 tués et une trentaine de blessés.
 
                                                                            Ordre général n° 45
(ordre de marche du 5ème CA vers la région Triaucourt-Froidos)
 
4 septembre - Le régiment (…) arrive à Lavoye à 12 h. Il est rassemblé dans la prairie au Nord et ne rentre au cantonnement qu'à 20 h 30

                                                                            Ordre général n° 46
(Mouvement du 5ème CA dans la région Lisle-en-Barrois, Louppy-le-Petit, Louppy-le-Château, Villote, arrière-garde à Vaubécourt)

La 9ème DI rompra par l'itinéraire Froidos-Waly-Foucaucourt-Esvres-Vaubécourt-Lisle-en-Barrois
 
5 septembre - Le régiment doit former l'arrière-garde de la division.
                                                                                                                       …
Les 2ème et 3ème bataillons sont alors obligés (à 13 heures),  pris par derrière, de se replier sous un feu terrible de mitrailleuses. Très grosses pertes. Le 1er bataillon tient jusqu'à 15 heures et se replie par Pretz. Les 2ème et 3ème bataillons sont en pleine retraite……à partir de 16 heures, la 4ème Compagnie principalement est soumise à un tir intense de l'artillerie allemande. Des fractions de cette compagnie se replient. Elles sont reportées vers l'avant par le colonel Ponsignon et le capitaine Fleuriot. Pertes : quelques tués et une quinzaine de blessés…

Le Colonel (avec le Capitaine Adjoint qui a passé toute la matinée dans les tranchées du 3ème bataillon sous le feu) cherche à rallier quelques fractions isolées. Le ralliement est indiqué à Rembercourt…
…la 5ème Cie est absente
 
6 septembre  - l'ordre est de tenir à tout prix
Le colonel passe l'inspection des Avant-Postes et répète cet ordre aux commandants de Compagnies. Le combat s'engage. Lutte d'artillerie vers 9 heures. L'infanterie ennemie attaque les Avant-Postes qui tiennent bon. Pertes effroyables. Les mitrailleuses ennemies entrent en activité. Vers 10 heures, les 2 Compagnies du 76ème RI à gauche lâchent pied…

…le lieutenant ?… est tué, volatilisé…

 Les 2ème et 3ème bataillons sont obligés de se replier. Très grosses pertes.
 Les 2ème et 3ème bataillons sont en pleine retraite, la plupart des officiers sont tués ou blessés, la moitié de l'effectif est perdu. A 20 heures en pleine nuit se fait la reconstitution du régiment qui a perdu presque tous ses officiers et la moitié de ses effectifs.

 Dans la journée, le régiment a rempli et au-delà sa mission. Il a tenu de 6 h. à 15 h. se faisant écharper.

 A signaler quelques obus français tombés sur le 1er bataillon
 
7 septembre - …un bataillon ennemi est anéanti devant nous. Rembercourt est en feu…
 …à 20 heures, panique du 4ème RI, quelques Allemands sont entrés dans le bois de Defuy. Les fuyards du 4ème RI jettent une certaine confusion dans quelques Compagnies du 82ème (…) Le colonel remet de l'ordre dans quelques sections débandées.   …La plus grande partie du 4ème RI a fui jusqu'à Condé…  Le général de brigade mène une attaque de nuit avec 2 Compagnies du 1er bataillon sur le bois de Defuy. Beaucoup de pertes de part et d'autre…
 
8 septembre - Ordre de tenir. La lutte reprend à 4 h 30. Le 2ème bataillon est en bordure de la route à l'Ouest de la voie ferrée. Le 1er bataillon : 2 Compagnies à la cote 267, 2 Compagnies en réserve au ravin. Les Allemands ne peuvent déboucher du bois. Pertes par l'artillerie. Le 3ème bataillon pris à dos par une batterie française à Merchines se replie un peu en arrière. 10 h ,11 h, 12 h, la lutte d'artillerie continue. La lutte d'artillerie devient plus forte vers 16-18 h. Vers 19 h panique d'1 Compagnie du 4ème RI qui s'imagine voir des colonnes d'Allemands en formation par 4. Pendant la lutte d'artillerie quelques blessés : Capitaine Camus, lieutenant Rivière. Le général de brigade, aidé du colonel Ponsignon et du capitaine Fleuriot, ramène à leurs positions 2 Compagnies du 132ème qui sous les obus allemands quittent en rangs serrés leurs positions sans ordre. Le 3ème bataillon a été obligé de quitter Merchines ayant reçu des obus français. Il tient au bois Carrière. Nota : le Bois Carrière est le bois situé à l'ouest de la station de Rembercourt. L'approvisionnement s'est fait toutes ces journées près de la station sous les obus.
 
9 septembrelutte d'artillerie seulement
 
10 septembre - Un peu après minuit le 3ème bataillon est attaqué. Pertes très nombreuses. Capitaine Pupin tué. Les Allemands progressent par le bois Carrière. La 1ère Compagnie s'avance avec le général Marquet, le Colonel Ponsignon, le capitaine Fleuriot pour soutenir le 3ème bataillon. Attaque à la baïonnette pas réussie. Feux par salves et à cartouches comptées, tir réussi arrêtant net les Allemands.

…Les officiers forcent les hommes à rester sur place et font exécuter des feux qui font de grands ravages dans les rangs ennemis. L'ennemi ne tire pas et cherche à s'avancer en rampant. Il éprouve des pertes énormes. Un peu avant le jour les Compagnies avancées se replient en ordre sur la voie ferrée. A ce moment le Colonel Ponsignon est blessé d'une balle aux reins. Le chef de bataillon Bérard prend le commandement du régiment. Le 2ème bataillon a résisté à une attaque assez molle de l'ennemi. Le régiment, d'après l'ordre reçu, se replie vers 7 h sur la position de 2ème ligne (très en ordre) à 2 km au sud.
Pertes assez nombreuses surtout au 3ème bataillon -difficiles à évaluer (beaucoup de disparus, d'hommes perdus dans les bois qui rejoignent le lendemain ou quelques jours après. Le 3ème bataillon ne s'était pas gardé d'une façon suffisante.